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Jean de la Fontaine: un auteur engagé du XVIIe siècle
22 mars 2008

3- Qu'est-ce-qu'une fable? D'après Esope, la

3- Qu'est-ce-qu'une fable?

     D'après Esope, la fable a pour mission de faire rire, d'avertir par l'exemple et de corriger les erreurs en charmant l'oreille.

     L'événement raconté par le fable, la plupart du temps unique, est symbolique d'une situation courant, et l'explique. Les personnages sont en général stéréotypés et constants. Elle met en scène des animaux: le lion représente le pouvoir et la grandeur; le loup, la cruauté, la force sauvage et stupide, le totalitarisme; le renard symbolise l'intelligence fine, la réflexion et la ruse; le chien, la bonté et la fidélité; le singe, le burlesque mais aussi la sagesse; l'âne, la sottise; le chat, l'égoïsme et la cruauté.

     Dans les fables de La Fontaine, les animaux sont au nombre de vingt-cinq.

     On y trouve d'abord les forts et les puissants: le chat, le lion, la lionne, le loup, le renard, l'aigle, le milan et le vautour.

     D'un autre côté, on trouve les faibles et les victimes: le mouton, l'agneau, la brebis, le chevreau, l'âne, la souris et le poisson.

     Le chien, la grenouille, le serpent, l'éléphant, et le rat sont parfois forts, parfois faibles en fonction de l'animal auquel ils sont confrontés.

     La Fontaine est surtout connu pour les dizaines de fables qu'il a composées jusqu'à la veille de sa mort. La fable est un genre littéraire très ancien et déjà utilisé. A l'époque de l'Antiquité Romaine, Esope rédige de courtes histoires mettant en scène hommes et animaux. Le récit s'achève sur une morale dont il revient au lecteur de tirer un enseignement.

     Des siècles plus tard, La Fontaine s'inspire des héritages de son brillant aîné: il y ajoute pourtant sa touche particulière...

     Mal reçu à Versailles, l'écrivain ne se prive pas de souligner, parfois cruellement, les absurdités de la Cour du Roi Soleil. Deux fables éclairent les couloirs du palais d'une lumière bien étrange: au-delà des salons feutrés, des anti-chambres cossues, mensonges, hypocrisies et trahisons régissent les rapports de ceux qui vivent à l'ombre du souverain

     Les animaux mis en scène ne sont pas choisis par hasard. Chacun jour un rôle bien précis.

- Le lion: sa puissance, son orgueil démesuré et son attitude rappellent le comportement de Louis XIV. A l'image de l'animal qui le symbolise, le roi règne sur sa Cour. Jaloux de son pouvoir, méfiant d'une Noblesse remuante de nature, il convoque régulièrement auprès de lui les princes de sang pour mieux les surveiller. Une invitation à Versailles ne se décline pas. Il faut s'y soumettre, quitter sur l'heure sa résidence provinciale et accourir au plus vite. La violence que le lion déploie quand un courtisan commet l'erreur de lui déplaire souligne avec quelle facilité le souverain peut briser la réputation et la renommée de celui qui ne satisfait pas ses exigences. Attention toutefois! Si le lion n'est pas dupe des courbettes du singe réjoui de sa sévérité, Louis XIV n'apprécie pas davantage les hypocrisies trop marquées d'un courtisan empressé et soucieux d'obtenir sa faveur.

- Le singe, l'ours et le renard évoquent les attitudes de la Cour. Le bonheur qu'éprouve le singe quand l'ours endure la colère léonine n'est pas sans rappeler que des profondes tensions animent Versailles: la déchéance de l'un fait le bonheur de l'autre et la disgrâce du malheureux arrange les affaires de l'ambitieux.

     La morale de la fable résonne comme un avertissement. Le renard est le plus malin de ses compères. Il a compris qu'au palais de son maître, il n'est jamais bon de dévoiler trop haut ses opinions. L'hypocrisie n'est cependant pas la meilleure conseillère. La Fontaine prévient: un bon courtisans ne prend jamais ouvertement parti et doit éviter de se compromettre dans de trop violentes querelles.

     Enfin, la comparaison que l'auteur utilise quand il évoque la Cour dévoile des sentiments sans concession à l'égard d'un univers où il ne s'est jamais senti à son aise. Le message est clair: par delà des dorures des tableaux et l'éclat brillant de la Galerie des Glaces, les corridors du palais ne sont guère plus avenants qu'un affreux charnier. Comportements écoeurants, attitudes répugnantes ont donc découragé l'honnête homme de pénétrer à Versailles...

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